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​​​Sumo

Dimanche 18 février 2020, 7h00.

Ryogoku, Tokyo.

Les rues désertes, semblent encore endormies. Nous marchons dans ce silence jusqu’à la façade discrète de la heya Dawanoumi, l’une des plus anciennes confréries de sumo de la capitale.

 

Deux colosses, droits comme des gardiens de tradition, nous attendent. Leurs mots tombent avec gravité : assise immobile, silence absolu, aucun déplacement et, début de pandémie oblige, masque obligatoire.

 

Nous franchissons enfin le seuil…

L’entraînement vient de débuter. Sans bruit, presque sur la pointe des pieds, nous nous installons à même le sol sur un parquet. L’espace est étroit. Cette proximité nous plonge instantanément au cœur de l'instant.

 

Trois heures durant,  les corps s’élancent, s’entrechoquent, dans une cadence millimétrée. Chaque geste est calculé, chaque mouvement sculpté par des siècles de discipline. Les jeunes lutteurs s’affrontent d’abord, fougueux sous l’œil vigilant des anciens. Les corrections, sobres mais précises, tombent sans ménagement.

 

Puis le rituel s’inverse. Les novices se retirent, se plient à la hiérarchie et se mettent au service de leurs aînés. l'entrainement reprend, plus percutant, plus imposant, plus solennel. Dans et autour du dohyo, le va-et-vient est incessant.

 

De notre place, rien ne nous échappe. Les souffles courts, les cris retenus, l'intensité. le sol vibre à chaque impact. Au delà de  la force brute, nous découvrons ce qui fait la grandeur de cet art ancestral : un mélange rare de puissance et d’humilité, d’engagement et de dévouement.

 

Un spectacle sans artifices, où chaque instant semble écrit dans le silence d’une longue tradition.

Cette série a fait l'objet d'une publication (+ couverture et interview ) _Lens Magazine #118_ juillet 2024

© 2025  by Raynald Najosky_photographe - Tous droits réservés.

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